Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/178

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L’âne et la chèvre rôdaient sur la petite pelouse ; le jardinier s’apercevait à l’ombre d’un cytise, vieux profil gothique, aux joues creuses et à la barbe cornue ; son petit-fils rampait vers la fontaine et le chien se levait par intervalles en flairant l’étendue, les yeux ardents comme s’il apercevait des choses invisibles aux hommes ; les passereaux ivres enflaient leurs petites cornemuses et chantaient éperdument.

Georges se tenait auprès de Sabine. Vêtue de blanc, sa chevelure ramassée en buisson, elle condensait les symboles brillants qui donnent au bonheur la figure de la femme. Chaque lueur de la prunelle, chaque frisson de la nuque argentine, la nacre des dents apparue entre les lèvres écarlates, la caresse de la lumière sur les joues fines ajoutaient des nuances vives à la beauté du soir.