Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pourquoi avez-vous une servante aussi lugubre ?

— La gaieté m’énerve.

Langre menait une vie désorbitée. Ses démêlés avec les universitaires lui avaient fait une jeunesse besoigneuse. Plein de génie, doué de l’opiniâtreté et de l’adresse des grands expérimentateurs, il connut l’amertume affreuse de se voir devancer par des hommes qu’inspiraient ses découvertes ou ses brochures. Il travaillait avec des appareils si rudimentaires et des matériaux si restreints qu’il n’atteignait au but que par le miracle de son obstination, de sa vigilance et de son agilité professionnelle. Une vision exaltée suppléait à la misère de ses laboratoires. Sa défaite la plus rude, qui lui rongeait l’âme, fut celle du diamagnétisme rotatoire. Il poursuivait les expériences qui devaient élever le diamagnétisme au rang des phénomènes directeurs, lorsqu’il amena Antonin Laurys dans son laboratoire. Laurys, admirable assimilateur, était connu par trois ou