immortelle. Cependant le vaincu avait pour lui Georges Meyral, et un tel disciple le remplissait d’orgueil.
— Vous avez bien fait de venir, dit-il après un silence. Ma journée a été pleine d’obsessions sinistres et d’amère hypocondrie.
Il serrait à deux mains la main de Meyral ; ses yeux palpitaient, ardents, creux et lamentables.
— Je suis si las et si seul ! bégaya-t-il avec une sorte de honte. Par moments, au crépuscule, je sentais passer sur mon front ce vent d’imbécillité dont parlait Baudelaire.
Meyral le regardait avec sollicitude :
— Et moi aussi, j’ai été anormal, riposta-t-il… Comme si j’avais trop pris de café. Ma bonne s’est montrée particulièrement excitable : elle soliloquait. Enfin, ce soir, la foule avait une allure orageuse…
Il vit Le Temps qui traînait sur une table et s’en empara :
— Excusez-moi, grand ami.