Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/281

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Le chariot brûlait. La flamme, d’abord rampante, au sein des vortex de fumée, s’élançait par lames d’écarlate, par dentelures de cuivre, par lourdes ondes de pourpre ; elle projetait dans les futaies et sur le pavillon sa vie formidable, puisée au fond mystérieux des forces, dans les abîmes du monde créateur, dans l’enfer insondable des atomes… Un tonnerre la crevassa ; des hêtres craquèrent ; le chariot se répandit en miettes étincelantes, jusqu’à la cime des ramures et les vitres de l’habitation s’effondrèrent :

— Les bombes qui nous étaient destinées ! fit Gérard.

L’événement bouleversait jusqu’au tréfonds l’âme des paysans ; la foi était en eux, qui les remplissait de bravoure, qui les asservissait à la volonté de Langre et de Meyral, et, par sa répercussion dans les groupes, cette foi atteignait une puissance d'unanimité surnaturelle.

Les carnivores regardaient, aux lueurs de l’incendie, le pavillon pâle et les jardins rous-