Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/327

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Elle lui sourit, avec la malice tendre de la femme ; un immense frisson la secoua ; toute la beauté du monde passa dans un ouragan d’amour ; incliné devant elle, craintif et farouche, il dit d’une voix brisée :

— Est-ce vrai ? Ne vous trompez-vous point… N’est-ce pas de la compassion ?… je ne veux pas de compassion, Sabine.

Elle lui prit la main, elle se pencha vers le visage suppliant :

— Je crois que je serai heureuse !

— Ah ! soupira-t-il.

Il n’y avait plus de passé, ou plutôt la minute présente contenait toute la vie, tout le temps, tout l’espace. Il demeura une minute agenouillé sur la terre sacrée où se tenait Sabine ; la religion des races remplit sa poitrine et, lorsque la grande chevelure blonde toucha ses lèvres, il connut que sa destinée était accomplie.


FIN