Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/156

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III

Une crise bilieuse traversa Chavailles. Face de soufre et de laiton, yeux veinulés de fiel, il ne prit guère de détours à dissimuler ses humeurs querelleuses. Aux soirs, sur la terrasse, dans des goguenardises féroces, les moues méprisantes d’un Salmanazar, il s’atténuait à l’égard de Servaise, mais d’autant se rattrapait sur sa femme, la daubant de paroles cinglantes, de tel ordre bref, tel reproche de commandeur à esclave. Recroquevillée, elle peinait à le satisfaire, craintive de son geste aride et de son claquement de doigts (le claquement dont il appelait son chien).

Noël tressaillait comme de chocs de foudre, brûlé à l’âme des humiliations de la femme. Toutefois, il puisait à ces scènes une espé-