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Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/165

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falaise, la terreur revint au moment où elle naviguait en pleine utopie. Elle se vit devinée par Chavailles, lapidée, raillée, enfouie dans la solitude. Les effrois de l’éphémère, la défiance de l’incertain (et son charme), les proverbes féminins transmis d’âge en âge, de la tente de l’Hycsos aux mansardes des Batignolles, la surmontèrent. Alors, le petit salon, les meubles choisis par l’autre, la haute glace, les tableautins cruels semés sur la muraille, elle en eut le frisson, elle n’osa plus les regarder, et, par une transposition connue, ils perdirent leur apparence réelle, ils devinrent de vagues et terribles organismes.

Quelques minutes ainsi, puis elle se remit à sourire, avec la malice de naguère, heureuse d’avoir ce secret vis-à-vis du despote, heureuse de pouvoir, quand il la raillerait, répondre tout bas, les lèvres closes. C’était l’immatériel de telle vengeance féminine, le mystère de l’humble qui peut-être jamais ne frappera le puissant, mais qui