Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/69

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Ne sera-ce pas la dernière tentative du mâle, l’élan d’agonie des poésies dormeuses aux frontières de la jeunesse ? Allait-il se racornir à jamais, se résigner au sombre néant du travail remplaçant toute chimère ? Il en avait la terreur très confuse, mal analysée, la terreur d’un trésor incommensurable à perdre, la clameur de l’éphémère tout au tréfonds de la fibre.

Comme il s’arrêtait, tâtonnant des yeux, dans la crispation de refuge des crises morales, il se vit devant la Seine.

À sa rétine trouble, elle parut une ville lacustre, dans un pays de montagnes. La phosphorescence des barques à l’ancre, le cirque des rives engouffrées dans un firmament de terre glaise, de sels pâles et de membranes roses, la neige de l’écluse roulant comme une théorie de naïades, les sous-ponts caverneux, les villes d’ondines générées sous le flot par la valse des réverbères, tout l’occulte des nocturnités lui travailla l’âme et s’intimisa dans sa souffrance.