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forêt, et leur faisait dérober leurs étoiles à ma vue.

À force de patience, je lassai leur inquiétude, et au sixième matin, une troupe vint se poster en face de moi, sous un grand arbre à châtaignes, à trois portées d’arc communes. Ils n’y furent pas sitôt que j’envoyai une nuée de flèches inutiles. Alors, leur vigilance s’endormit de plus en plus et leurs allures devinrent aussi libres qu’aux premiers temps de mon séjour.

C’était l’heure décisive. Ma poitrine grondait si fort que, d’abord, je me sentis sans puissance. J’attendis, car d’une seule flèche dépendait le formidable avenir. Si celle-là faillait d’aller au but marqué, plus jamais peut-être les Xipéhuz ne se prêteraient à mon expérimentation, et alors comment savoir s’ils sont accessibles aux coups de l’homme ?

Cependant, minute à minute, l’être de volonté triompha, fit taire la poitrine, fit