Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/35

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Il tenta de songer à des choses lointaines de son propre être, de déchiffrer des physionomies de dîneurs.

Taciturne, dans une grave et bienheureuse plénitude, un quadragénaire gourmand l’occupa quelques minutes ; la vigueur de son mâchement, la joie de ses prunelles, l’ampleur vitale de son geste, l’éclat de sa denture. Parmi l’iris des cristaux, le tremblement lumineux des flacons et la neige de la nappe, cette scène perdait toute animalité, se revêtait d’une symbolisation de santé et de puissance…

De nouveau, il oublia le dehors. Ses idées coulèrent intérieurement comme l’après-pluie dans une forêt. Tout allait vers le gouffre redouté, vers le Centre, vers l’Abîme. À grand’peine, il put s’accrocher à des réflexions sur ses proches :