Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/94

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qui avait surmonté des milliards de nuits pareilles, des mélancolies identiques évanouies dans les suaires du passé. Délicieux assoupissement de Clotilde, confiance, entrelacement d’âmes, voix de douceur dans la grande haleine mortuaire qui enveloppait l’auberge, ah ! vous êtes évaporés dans l’Inévitable !…

— Il faut la quitter…, la donner à un autre !…

L’angoisse le fit trembler. Il mit ses deux mains sur sa poitrine, d’un geste plaintif et abandonné. Sa lèvre s’abaissa, amère.

— Il le faut, pauvre homme !

Pour s’encourager, il se mit à songer à Cheyne. Tout de suite, une triste colère le souleva. Le fracas d’un chariot, dans la rue, évoqua l’idée du fiacre, et d’une silhouette sournoise, en route pour