Page:Rosny aîné – La Tentatrice, 1897.djvu/104

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mieux goûter et nous marchâmes quelque temps au bord de l’eau. Les fines barques passaient, ployant les plantes aquatiques. Mille rumeurs chantantes s’élevaient sur les feuilles, les roseaux, les herbes. Mary eut alors la fantaisie d’aller en canot, seule. Elle se fit détacher une embarcation, et parut devant nous, éblouissante de blancheur, l’œil éclairé de rêve. Ses mains fines plongeaient les rames, lentement, et je n’avais souvenance d’avoir jamais rien vu d’aussi gracieux. La force m’abandonna, je dus m’appuyer contre un arbre, et toute une minute je crus que j’allais m’évanouir…