Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/147

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Une nuit d’argent et de saphir sur la lande. À peine s’il soufflait une brise faible et tiède, qui s’assoupissait par intermittences. La lune, faiblement écornée, était déjà toute sur l’Orient et la lande semblait enchantée. Ses plantes âpres, ses arbres rabougris, ses mares, ses flots de terre pierreuse, prenaient une douceur merveilleuse dans la nuit d’été. Mais c’était une douceur des âges anciens, fiévreuse, qui évoquait nos frêles aïeux frissonnants devant l’immense nature. Un groupe de quatre hommes se dissimulait parmi les saules, au bord d’une petite mare. L’un d’eux, à l’aide d’une longue-vue, inspectait surtout l’objectif vers une lointaine cahute, : faite de planches pourries et vaguement maçonnée avec de la boue sèche.

— S’il est dans la hutte, il n’a pas bougé ! finit-il par dire.

— Il y est sans aucun doute ! affirma un deuxième. N’est-ce pas, Martial ?

— J’en réponds, monsieur Michel ! fit le coureur des bois avec un hochement de tête.

Il fit entendre un son cristallin qui imitait