Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/198

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quand elle s’adressait à sa personne. De plus elle comprit qu’il y avait, dans l’espèce, plus à gagner qu’à perdre, Elle secoua son épaisse tignasse crespelée et, fixant sur la jeune fille ses yeux de maugrabine, grommela :

— Elle est gironde… et puis maline… et puis pas teigne !

Et reprit à voix haute :

— On est pas si rosse qu’on en a l’air. Alors, quoi qu’y gna pour votre service ?

— Je voudrais que vous me disiez tout ce que vous savez sur l’homme qui a été l’instigateur du crime.

— J’sais pas grand’chose. Enfin, ce sera comme vous voudrez.

Il suffit de lui poser quelques questions pour qu’elle partît à fond de train. Elle avait une rétine de sauvagesse qui retenait puissamment les images. Elle décrivit avec détail l’aspect physique, les particularités, les gestes de l’individu qu’elle avait vu au bar du père Chenique, essaya d’imiter son accent et jusqu’au timbre de sa voix :