Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/229

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supposer que Mme de Escalante fût loin ; où eût-elle trouvé un véhicule pour l’emporter ? Il aurait fallu un ensemble de circonstances improbables, et admettre une bizarre entente avec le conducteur de la voiture. Sans écarter absolument l’hypothèse, je me suis attachée à la supposition normale : la fugitive avait trouvé un refuge dans le pays, chez des amis sûrs. Mais lesquels ? Martial, Michel et moi avions à peu près interrogé tout le monde !

— N’étiez-vous pas arrêtée par la pensée que, vivante, Mme de Escalante vous aurait spontanément donné de ses nouvelles ?

— Si ! Mais moins que vous ne pourriez le croire. D’abord, je supposais qu’elle était blessée. Ensuite, je connais son caractère et son tempérament. Elle a infiniment d’imagination et cette imagination est tragique. Plus que nous, elle a dû croire à des trames extraordinaires, à des conjurations inouïes ; de là à conclure que le mieux était de se terrer, loin de tous, loin même de moi qu’elle ne jugeait, certes, aucunement menacée, il n’y a qu’un pas… J’hé-