Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/100

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route, Targ obliquerait vers une contrée qui, dans une précédente croisière, l’avait impressionné. Campée sur un des relais-refuges, Arva l’attendrait. Ils se parleraient aisément, car Targ emportait un ondifère mobile, qui pouvait recevoir et transmettre la voix à plus de mille kilomètres. Ainsi que dans leurs précédentes explorations, ils communiqueraient avec Érê et les enfants, tous les planétaires de l’oasis et des relais ayant été maintenus en bon ordre.

Aucun péril ne menaçait Érê, hors ceux qui dominent de si haut l’énergie humaine qu’ils ne lui feraient pas courir plus de risques qu’à Targ et à Arva. Les enfants avaient grandi ; leur sagesse, précoce comme celle de tous les Derniers Hommes, ne différait guère de celle des adultes. Les deux aînés – un fils de Manô, une fille du veilleur – maniaient parfaitement les énergies et les appareils. Contre les entreprises aveugles des ferromagnétaux, ils valaient des hommes. Un atavisme sûr les conseillait. Cependant, Targ avait passé, la veille, de longues heures à inspecter l’enclave familiale et les alentours. Tout était normal.

Avant le départ, les deux familles s’assemblèrent auprès des planeurs. Ce fut, comme à chaque grand départ, une minute impressionnante. Dans la lumière horizontale, ce petit groupe était toute l’espérance humaine, toute la volonté de vivre, toute la vieille énergie des mers, des forêts, des savanes et des villes. Là-bas, aux Terres-