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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/130

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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

avec lui. Il avait la nonchalance grave des hercules. L’explosion d’un fou furieux le faisait rire. Nul nerf ne prévalait contre ses énormes muscles.

— Et où ça ? demanda-t-il.

— Ici ! répondit-elle en montrant un trou dans la muraille.

Un trou dans la muraille ! L’excellent gardien fut ennuyé.

— Faudra pas faire de trous, grommela-t-il.

Cela dit, il entra brutalement dans la loge, et donna une claque sur une joue ineffable. La folle se repentit de lui avoir montré le trou, mais c’était une folle peu rusée encore. Ce n’est pas le vieux fou du numéro 20 qui aurait agi comme cela ! On n’avait jamais pu découvrir ses collections de pierres précieuses, et pourtant il savait bien !… Mais, lui, trop malin pour se trahir.

Le gardien regardait le trou. Il plongea les doigts : il n’y trouva pas de hanneton. Il parut pensif à la façon d’un bœuf, puis gratta doucement son occiput.

— Ne mettez pas mon hanneton dans votre tête ! dit la folle en pleurant.

Elle voulait fouiller dans les cheveux de l’homme là où il s’était gratté.

— Chut ! la folle, gronda-t-il.

Elle se retira dans un coin. Elle sanglotait. Ses cheveux buvaient ses larmes.

— Il faut vous taire, dit-il nettement.

Elle regarda avidement la tête grossière du gardien.