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LA BATAILLE

mille hommes, ne put briser le colossal élan. Les Turcs arrivèrent au contact. Il y eut un corps à corps épouvantable. En un moment, dix mille Austro-Hongrois d’avant-garde, malgré la plus héroïque résistance, furent enveloppés, étouffés, écrasés, anéantis… puis la masse hurlante reprit sa course sous les étoiles…

Rien d’ailleurs ne devait prévaloir contre elle ; l’instinct qui la portait, prodigieux mélange d’héroïsme et d’épouvante, persista jusqu’à ce qu’enfin l’armée ottomane fût sortie de la zone du tir, fût parvenue sous la lueur secourable des phares.

Dès lors, la retraite était assurée. Elle coûtait quinze mille morts, quarante mille blessés, vingt mille prisonniers. Mais le sauvage Soleiman n’en ramenait pas moins avec lui plus de cent cinquante mille soldats.