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LA MORT DE LA TERRE

tesse sans bornes ; il s’étonnait lui-même de n’avoir pas supprimé son existence.

— Qui sait s’il n’y a pas un espoir ! marmonna l’ancêtre.

Le cœur de Targ battit ; il abaissa vers le centenaire des yeux où scintilla la jeunesse.

— Oh ! père !… s’écria-t-il.

Déjà la face du vieillard s’était immobilisée. Il retomba dans ce rêve taciturne, qui le faisait ressembler à un bloc de basalte ; Targ garda pour lui sa pensée.

La foule grossissait aux confins du désert et de l’oasis. Quelques planeurs s’élevèrent, qui venaient du Centre. On était à l’époque où le travail ne sollicitait guère les hommes : il n’y avait qu’à attendre le temps des récoltes. Car aucun insecte, aucun microbe, ne survivaient. Resserrés sur d’étroits domaines, hors desquels toute vie « protoplasmique » était impossible, les aïeux avaient mené une lutte efficace contre les parasites. Même les organismes microscopiques ne purent se maintenir, privés de cet imprévu qui résulte des agglomérations denses, des grands espaces, des transformations et des déplacements perpétuels.

D’ailleurs, maîtres de la distribution de l’eau, les hommes disposaient d’un pouvoir irrésistible contre les êtres qu’ils voulaient détruire. L’absence des anciens animaux domestiques et sauvages, véhicules incessants d’épidémie, avait encore avancé l’heure du triomphe. Maintenant l’homme,