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CONTES. — DEUXIÈME SÉRIE

une lionne !… Malgré la faim, la soif, la fièvre, j’eus un bon frémissement. Mais je me rassurai vite : d’évidence, la féline ne pouvait m’atteindre ; la fente était trop étroite pour son large poitrail… Après un recul, je la regardai face à face et je ne tardai pas à apercevoir, tout près d’elle, deux jolis lionceaux…

Cinq minutes plus tard, c’est à peine si je songeais au formidable voisinage. Quelque chose de plus fauve, de plus carnivore qu’une lionne, me rongeait les entrailles, et je rôdais dans mon trou à la recherche d’une autre issue. Je ne tardai pas à la découvrir. Elle était basse et assez large ; elle me conduisit dans une deuxième salle, où, soudain, j’entendis le ruissellement de l’eau. Ce fut d’abord un tel choc de joie que je faillis choir. Puis, comme je ne voyais rien, un désespoir homicide m’envahit… Tout de même, je finis par découvrir un filet d’eau dans le creux d’une roche, et je goûtai une volupté comme je n’en goûterai évidemment jamais une seconde !

Ma soif étanchée, la faim ne tarda pas à jouer le grand premier rôle : il y avait plus de cent douze heures que je ne m’étais pas mis une bouchée de substance comestible entre les molaires !…

Je rentrai dans la première salle, attiré par la