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CONTES. — DEUXIÈME SÉRIE

La bête était chaude encore ; je suçai le sang qui coulait de ses plaies avec une férocité ardente et triomphale, tandis que les lions rugissaient épouvantablement.

Pendant cinq jours encore, je demeurai dans les entrailles du sol. J’avais bien découvert une fissure, qui donnait sur une grotte, mais elle était trop étroite. Il me fallut travailler d’arrache-pied pour l’élargir. Heureusement, j’avais une provision de viande ! Quoiqu’elle fût crue et, vers la fin, un peu faisandée, je vous prie de croire que je la consommais sans dégoût ! Lorsque je parvins enfin à l’air libre, et surtout lorsque j’eus atteint un village kabyle, un grand attendrissement me saisit : je me jurai, hors le cas de légitime défense, de ne jamais tirer sur un seigneur à la grosse tête.