Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
LA MORT DE LA TERRE

pour les Terres-Rouges. Il n’y en aura pas plus de neuf. D’autres seront envoyés lorsque nous connaîtrons les besoins de nos frères.

— Je demande à partir, supplia le veilleur.

— Et moi ! ajouta vivement Arva.

Les yeux de Manô étincelèrent :

— Si le Conseil le veut, je serai aussi parmi les envoyés.

Omal leur jeta un regard favorable. Car il avait jadis, comme eux, connu ces mouvements spontanés, si rares parmi les Derniers Hommes.

À part Amat, adolescent frêle, la foule attendait passivement la décision du Conseil. Soumises aux règles millénaires, accoutumées à une existence monotone, que troublaient seuls les météores, les peuplades avaient perdu le goût de l’initiative. Résignées, patientes, douées d’un grand courage passif, rien ne les excitait aux aventures. Les déserts énormes qui les enveloppaient, vides de toute ressource humaine, pesaient sur leurs actes comme sur leurs pensées.

Rien ne s’oppose au départ de Targ, d’Arva et de Manô, remarqua la vieille Bamar… Mais la route est longue pour Amat. Que le Conseil décide.

Tandis que le Conseil délibérait, Targ contemplait l’étendue sinistre. Une douleur amère l’accablait. Le désastre des Terres-Rouges pesait sur lui plus pesamment que sur ses frères. Car leurs espoirs ne portaient que sur la lenteur des finales déchéances, tandis qu’il s’obstinait à rêver des