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CONTES. — DEUXIÈME SÉRiE

sait par une crise, elle se laissa aller à sa chimère. Cécile la chauffa pendant quelques jours et finit par lui dire :

— Le type est si extraordinaire qu’il faudra d’abord se mettre à de la correspondance. Car, pour ce qui est de faire connaissance de but en blanc, il serait capable de se fiche un évanouissement…

De son côté, Guillaume entretint Degrenne d’une demoiselle inconnue qui lui voulait du bien. En sorte que la petite au nez coupé et le jeune homme de Langres échangèrent des billets par l’intermédiaire de Cécile Boulot. Ces billets furent dangereux. Ils reflétèrent avec loyauté des âmes qui étaient nées pour s’entendre. Par ailleurs, la modiste ne fit que des allusions lointaines et incompréhensibles au malheur qui la privait de narines. Elle jugeait inutile d’en discourir, puisque, enfin, Degrenne ne le pouvait ignorer. Ce qui facilitait aussi le dialogue, c’est qu’ils ne se rencontrèrent pas et que, dans sa timidité, le garçon n’osa solliciter aucune entrevue : ses lettres n’exprimaient que de naïfs états d’esprit, opiniâtrement platoniques.

Tout de même, il fallait des conclusions. Cécile Boulot et Fortune résolurent qu’une rencontre