Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LA MORT DE LA TERRE

particulièrement appréciés dans les laboratoires.

Les hommes de cette puissante époque connurent une existence inquiète. La poésie magnifique et mystérieuse était morte. Plus de vie sauvage, plus même ces immenses étendues presque libres : les bois, les landes, les marais, les steppes, les jachères de la période radio-active. Le suicide finissait par être la plus redoutable maladie de l’espèce.

En quinze millénaires, la population terrestre descendit de vingt-trois à quatre milliards d’âmes ; les mers, réparties dans les abîmes, n’occupaient plus que le quart de la surface ; les grands fleuves et les grands lacs avaient disparu ; les monts pullulaient, immenses et funèbres. Ainsi la planète sauvage reparaissait, – mais nue !

L’homme, cependant, luttait éperdument. Il s’était flatté, s’il ne pouvait vivre sans eau, de fabriquer celle dont il aurait besoin pour ses usages domestiques et agricoles ; mais les matériaux utiles devenaient rares, sinon à des profondeurs qui rendaient leur exploitation dérisoire. Il fallut se rabattre sur des procédés de conservation, sur des moyens ingénieux pour ménager l’écoulement et pour tirer le maximum d’effet du fluide nourricier.

Les animaux domestiques périrent, incapables de s’habituer aux nouvelles conditions vitales : en vain tenta-t-on de refaire des espèces plus rus-