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LA MORT DE LA TERRE

avec une vitesse dix fois plus grande que celle de nos planeurs.

L’homme vit dans un état de résignation douce, triste et très passive. L’esprit de création s’est éteint ; il ne se réveille, par atavisme, que dans quelques individus. De sélection en sélection, la race a acquis un esprit d’obéissance automatique, et par là parfaite, aux lois désormais immuables. La passion est rare, le crime nul. Une sorte de religion est née, sans culte, sans rites : la crainte et le respect du minéral. Les Derniers Hommes attribuent à la planète une volonté lente et irrésistible. D’abord favorable aux règnes qui naissent d’elle, la terre leur laisse prendre une grande puissance. L’heure mystérieuse où elle les condamne est aussi celle où elle favorise des règnes nouveaux.

Actuellement, ses énergies obscures favorisent le règne ferromagnétique. On ne peut pas dire que les ferromagnétaux aient participé à notre destruction ; tout au plus ont-ils aidé à l’anéantissement, fatal après tout, des oiseaux sauvages. Encore que leur apparition remonte à une époque lointaine, les nouveaux êtres ont peu évolué. Leurs mouvements sont d’une surprenante lenteur ; les plus agiles ne peuvent parcourir un décamètre par heure ; et les enceintes de fer vierge des oasis, plaquées de bismuth, sont pour eux un obstacle infranchissable. Il leur faudrait, pour nous nuire immédiatement, faire un saut évolutif sans rapport avec leur développement antérieur.