Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jours. Il déroula sa fine et légère structure et, la saisissant par le milieu, il lui imprima l’élan utile. C’était un mouvement qu’il exécutait dans la perfection. Les crochets qui terminaient l’échelle s’agriffèrent sans peine au basalte. En quelques secondes, l’explorateur atteignit la fente.

Il ne put retenir un cri de mécontentement. Car si la crevasse était parfaitement praticable, en revanche elle remontait par une pente assez forte. Tant d’efforts auraient donc été vains !

Toutefois, ayant replié l’échelle, Targ s’engagea dans la fissure. Les premiers pas furent pénibles. Puis, le terrain s’aplanit, un couloir se montra où plusieurs hommes auraient pu marcher de front. Malheureusement, la pente montait toujours. Le veilleur supputa qu’il devait se trouver à une quinzaine de mètres au-dessus du niveau de la plaine extérieure ; le voyage souterrain devenait une ascension !…

Il marcha vers le dénouement, quel qu’il fût, avec une tranquille amertume et tout en se reprochant la folle aventure : qu’avait-il fait pour aboutir à une découverte qui dépasserait en importance tout ce qu’avaient trouvé les hommes depuis des centaines de siècles ? Suffirait-il qu’il eût un caractère chimérique, une âme plus révoltée que les autres, pour réussir là où l’effort collectif, appuyé d’un outillage admirable, avait échoué ? Une tentative comme la sienne ne réclamait-elle pas une résignation et une patience absolues ?…