Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/70

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désastre. Rien n’annonçait la douleur, à peine la résignation, dans l’attitude des survivants. La fatalité était en eux, présente comme la vie même.

Ils accueillirent les Neuf avec un calme presque inerte. Et Cimor, qui présidait, dit d’une voix uniforme :

— Vous nous apportiez le secours des Hautes-Sources et les Hautes-Sources sont frappées elles-mêmes. La fin des hommes paraît très proche… Les oasis ne savent plus même quelles sont celles qui pourront secourir les autres…

— Elles ne doivent même plus se secourir, ajouta Rem, le premier chef des Eaux. La loi le défend. Il est équitable, lorsque les eaux ont tari, que la solidarité disparaisse. Chaque oasis réglera son sort.

Targ s’avança au-devant des Neuf et affirma :

— Les eaux peuvent reparaître.

Rem le considéra avec un mépris tranquille :

— Tout peut reparaître, jeune homme. Mais elles ont disparu.

Alors, le veilleur, ayant jeté un regard au fond de la salle et aperçu la chevelure de lumière, reprit avec tremblement :

— Les eaux reparaîtront pour les Terres-Rouges.

Une réprobation paisible parut sur quelques faces ; tout le monde garda le silence.

— Elles reparaîtront, s’écria Targ avec force. Et je puis le dire, puisque je les ai vues.