Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/74

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tèrent de fléchir la règle et vinrent en suppliants aux Terres-Rouges. On ne pouvait que les rejeter : la pitié eût été une suprême injustice et une forfaiture.

À mesure que s’épuisaient les provisions, chaque oasis désignait les habitants qui devaient périr. On sacrifia d’abord les vieillards, puis les enfants, sauf un petit nombre qui furent réservés dans l’hypothèse d’un revirement possible de la planète, puis tous ceux dont la structure était vicieuse ou chétive.

L’euthanasie était d’une extrême douceur. Dès que les condamnés avaient absorbé les merveilleux poisons, toute crainte s’abolissait. Leurs veilles étaient une extase permanente, leurs sommeils profonds comme la mort. L’idée du néant les ravissait, leur joie croissait jusqu’à la torpeur finale.

Beaucoup devançaient l’heure. Peu à peu, ce fut une contagion. Dans les oasis équatoriales, on n’attendit pas la fin des provisions ; il restait encore de l’eau dans quelques réservoirs, et déjà les derniers habitants avaient disparu.

Il fallut quatre ans pour anéantir le peuple des Hautes-Sources.

Alors, les oasis furent saisies par l’immense désert, les ferromagnétaux occupèrent la place des hommes.

Après la découverte de Targ, les Terres-Rouges prospérèrent. On avait reconstitué l’oasis vers