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le troublait. Dans tel district, ils s’accumulaient en masses redoutables : il suffisait de s’arrêter pendant peu de minutes, pour sentir leur sourd travail.

— Si nous avons une descendance, songeait le veilleur, la lutte sera formidable.

Il vint ainsi jusque vers l’extrémité sud de l’Équatoriale.

Là, il s’arrêta, hypnotisé : sur un champ où, jadis, croissaient des céréales, il venait d’apercevoir ces ferromagnétaux de grande taille qu’il avait découverts dans la solitude, près des Hautes-Sources. Son cœur serra. Un souffle froid lui passa sur la nuque.

XIII

La halte

Les saisons coulèrent au gouffre éternel. Targ et les siens continuaient à vivre. Le vaste monde les enveloppait de sa menace. Naguère, lorsqu’ils habitaient les Terres-Rouges, ils subissaient déjà la mélancolie de ces déserts où s’annonçait la fin des Hommes. Mais, après tout, des milliers de leurs semblables occupaient avec eux le refuge suprême. Maintenant, ils concevaient une plus complète détresse ; ils n’étaient plus qu’une trace minuscule de l’ancienne vie. D’un pôle à l’autre,