Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/219

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Déjà Combelard triomphait. Son nom tombait sur le nom de l’autre avec un bruit d’averse. L’homme blafard brandissait la sonnette :

— Que ceux qui sont d’avis que le camarade Combelard occupe la présidence lèvent la main !

Une nuée de mains plana.

— L’avis contraire.

D’autres mains montèrent, moins nombreuses.

— Le camarade Combelard est président de la réunion.

Combelard monta sur la scène, au milieu des hourras et des huées. Il montrait une face immense, hilare et lippue. Une confiance inextinguible éclatait dans son sourire ; chacun de ses gestes jubilait ; la main sur le creux de l’estomac, il cria d’une voix de fer-blanc :

— Camarades, l’honneur que vous faites à un vieux serviteur du peuple, c’est à vous que vous le faites…

— Qui salit son nez, salit toute sa figure ! hurla le charcutier Varang.

— À la porte, le sac à mouscaille ! Qu’on l’éventre ! Qu’on lui fende les tripes ! riposta Dutilleul.

Combelard proposait de compléter le bureau. On élut Gabilaud, mais quand la majorité acclama un troisième révolutionnaire, les jaunes se levèrent tous ensemble. Et l’un des frères Sambregoy, poussant sa tête verte hors de la loge, demanda :

— Citoyens, seriez-vous des fripouilles ?

— Qu’on l’écorche ! Qu’on le plonge dans la poix bouillante ! fit Dutilleul.

— Fumier de lapin ! Eh ! tourte !… T’as pas la trouille ! Ta malle ! Ta gueule ! Du poil aux pattes !

Quoique ce ne fût pas encore l’heure des cris d’animaux, Gourjat crut devoir imiter le porc qu’on égorge. Une vaste hilarité tiédit les colères ; et Combelard déclara :