Page:Rosny aîné - La Vague rouge.djvu/231

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tions sont tranchées définitivement, quoiqu’il soit bon d’y revenir. Ce dont je voulais surtout vous entretenir ce soir, c’est de la tactique syndicaliste, des moyens que nous comptons employer pour en venir à nos fins. Car ces moyens nous séparent plus encore, les jaunes et nous, que le but même. J’ose dire que c’est de leur emploi que dépendra non seulement l’avènement socialiste, mais encore la forme de la société future…

Si nous sommes révolutionnaires, nous sommes aussi évolutionnistes. Et tout évolutionniste sait bien que c’est d’après la manière dont on le fait fonctionner que se transforme un organisme. L’adaptation n’est pas autre chose que l’ensemble des procédés par lesquels on se défend contre un milieu et par lesquels on en tire profit. Oui, camarades, nous sommes tous évolutionnistes ici, et l’évolutionniste peut s’approprier en conscience les deux proverbes : « À chacun selon ses œuvres » et « aide-toi, la nature t’aidera » ! Voyons donc notre stratégie.

Je la divise en deux grands chapitres. Il y a le chapitre du travailleur et le chapitre du citoyen. Le chapitre du travailleur comprend tout d’abord l’action syndicale ; il comprend ensuite différentes questions à l’ordre du jour, dont la principale, à mon avis, est la journée de huit heures. Qu’est-ce que l’action syndicale ? C’est l’affiliation de tous les travailleurs à un groupe corporatif ; c’est ensuite la fédération des groupes ; c’est enfin la lutte continue des syndicats existant par eux-mêmes et refusant de se subordonner à aucune action politique. Le fond de l’action syndicale, c’est l’éducation pratique des exploités. Le syndicaliste est un homme qui a rompu avec les errements du passé révolutionnaire, qui ne compte plus sur le miracle d’une délivrance subite et pour ainsi dire providentielle, qui sépare rigoureusement l’action corporative de l’action politique. Pour un vrai syndicaliste, il s’agit d’obtenir