Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éternelle fait tout reverdir : les clichés sont les feuilles de l’âme, pareilles à chaque printemps, à chaque printemps imprévues.

Marie fut la reine du rêve. C’est elle qui tenait la force et le commandement. L’âme de Georges était humble et rampante. Cependant, chacun demeurait dans sa caste : ni l’un ni l’autre ne songeait à s’en évader. Marie savait que la vie d’un Georges ou d’un Charles n’était pas auprès d’elle ; elle savait que des hommes de leur sorte pouvaient terriblement l’aimer, jusqu’à la maladie, peut-être jusqu’au suicide, mais ils ne pensaient qu’à la posséder pendant quelques saisons, puis à reprendre leur destinée. Elle n’en était pas indignée. Georges ou Charles ne voyaient en Marie qu’un gibier — un gibier magnifique, le gibier de la grâce, de la volupté, de la poésie, mais un gibier. Il