Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il se rappela que Racine passait parfois trois jours à faire un seul vers et que Baudelaire rugissait d’impuissance. Les faibles se hâtent, les forts savent attendre. C’était une chance, en somme, que d’avoir échoué. Le succès l’eût encouragé à la dilapidation de son intelligence :

— Il aurait été immoral que je réussisse ! grommela-t-il en s’effondrant sur une chaise. Pourquoi d’ailleurs cette impatience ? Je n’ai fixé aucune date.

Ces dernières paroles furent merveilleusement apaisantes.


Cependant, ce long effort le laissait si vide qu’il lui parut impossible de ne pas revoir Marie le soir même. Il n’osa l’attendre au théâtre, mais, l’ayant guettée de loin, il la rencontra « par hasard ». Elle était avec