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Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/94

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— Moi, je vous admirais… j’avais presque peur de vous… je ne savais que vous dire… mais comme j’étais fière lorsque vous veniez me chercher au théâtre ! Puis, quand vous m’avez lu votre acrostiche, j’ai compris que… je vous aurais aimé… si la vie l’avait permis.

— Vous m’auriez aimé ? fit-il douloureusement.

Elle hésita quelques secondes, les paupières entre-closes, puis elle dit, avec courage :

— Je ne veux pas mentir… je vous aime !

Elle serra lentement la main de Georges ; ils demeurèrent immobiles, épuisés par l’émotion. Les îles transparentes des ramures laissaient voir le grand cumulus, qui voilait encore le soleil par son extrémité occidentale. On apercevait des ravins de blancheur