Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/97

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mes luttes… mon Dieu !… Jamais je ne pourrai vous en donner la plus légère idée. J’ai lutté contre moi-même comme contre mon pire ennemi, et si j’avais pu broyer mon âme, je l’aurais fait ! Hélas ! l’amour est victorieux… l’univers entier ne pourrait me l’arracher.. il est en moi comme les battements de mon cœur… il ne peut s’éteindre qu’avec ces battements !

Ces phrases discordes soulevaient un flot d’images dont chacune enivrait Marie : douceur de se figurer Georges pleurant et souffrant auprès de ses livres ou devant sa fenêtre, joie de savoir qu’il avait passé des nuits sans dormir. Elle eut pitié de lui, mais de cette pitié qui veut que la douleur soit, parce que l’amour sans la douleur n’est qu’un pauvre fantôme :

— Moi aussi j’ai lutté ! affirma-t-elle.