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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Un après-midi, nous cheminions, Jean, Violaine, et moi, non loin du second blockhaus ; nous récoltâmes des semences que Jean estimait particulièrement propres à se conserver très longtemps sans altération, en quoi il ne se trompait point.

Antoine gardait le Stellarium.

Nous errions parmi des arbres géants, aussi hauts que des eucalyptus australiens auxquels ils ne ressemblaient aucunement. De grandes étendues les séparaient l’un de l’autre, de sorte que nous pouvions parfaitement voir de loin dans le site.

J’étais penché sur une herbe violette lorsque j’entendis Violaine dire :

« Le Stellarium monte. »

Cela ne m’étonna pas autrement ; je levai toutefois la tête. Non seulement le Stellarium montait, mais il montait rapidement et se trouva en une minute à une hauteur considérable.

« Que fait donc Antoine ! m’écriai-je.

— Antoine est le plus sage d’entre nous, répondit Jean. Il doit avoir ses motifs. »

Mais le Stellarium continuait à monter. Il se rapetissait de seconde en seconde et en même temps dérivait. Bientôt il fut presque invisible. Enfin, il disparut.

La crainte, puis la peur, puis l’épouvante… Nous nous regardions, terreux et livides.

« Antoine est perdu dans l’infini, gémit Jean. Il