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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

mée. Peut-être eux aussi. Il semblait qu’ils regrettaient notre départ, vaguement, sans ardeur surtout.

Ils promirent de veiller sur les terres des Tripèdes.

Un matin, ce fut le départ. Il n’avait pas été annoncé à l’avance. Le Chef Implicite et Grâce prirent congé des leurs, ce qui n’eut rien de pathétique. À cause de la résignation qui est à la base de leur sentimentalité, ils n’ont point d’affection ardente. Doux de caractère, patients, inoffensifs, la passion ne les excite guère, depuis des milliers de siècles. La famille du Chef Implicite et de Grâce parut médiocrement émue. Depuis longtemps, la mère de Grâce était évanouie dans la nuit éternelle, sinon la scène eût été, je pense, plus troublante.

Le départ du Stellarium et de ses pilotes parut faire plus d’impression que le départ de mes jeunes amis. Nous étions devenus les protecteurs de l’espèce et quand le Chef Implicite annonça notre retour probable, il y eut une véritable explosion de joie.

« Vous ne regrettez rien, Grâce ? demandai-je quelques minutes avant le départ.

— Je regrette bien moins de partir que je ne m’en réjouis.

— Du reste, si le séjour là-bas, où même dans le Stellarium, vous incommodait, nous vous ramènerions. »

Ses yeux brillaient comme des phares. Antoine donna le signal du départ.