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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

nos vortex suffisaient : ils franchissaient les quelque quinze cents kilomètres qui nous séparaient du refuge. Nous y fîmes un premier séjour, dans un de ces chalets mobilisables qui se montent en quelques heures.

À mille mètres au-dessus du domaine commençaient les neiges éternelles : le val abrité contre les vents et facilement accessible au soleil résiste au gel jusque vers la mi-octobre.

« Nous allons risquer ici quelques semences », dit Jean.

On se rappelle qu’il cultivait des plantes dans Mars : il avait apporté toute une collection de granules, en même temps que de petits animaux dont deux seulement avaient succombé. Les autres, soignés par le Chef Implicite, résistaient aussi bien que nos hôtes tripèdes qui aimaient le nouveau séjour, moins cependant que les grands voyages au travers des continents et surtout, surtout, ces traversées de l’Océan dans l’Argonaute d’Antoine, tantôt navire, tantôt gyroplane. De naviguer sur ces vastes étendues liquides ranimait en eux la vie jeune et magnifique depuis tant de millénaires oubliée sur Mars. Les longues ondes d’eau les plongeaient dans une rêverie cosmique qui allait jusqu’à l’extase.