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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

taine de ses chétifs semblables. Des phosphorescences bleuâtres enveloppèrent le groupe.

« Un carnivore ! fit Jean. Il dévore l’énergie de ses victimes

— Elles n’en mourront point ! »

Violaine, passionnée jusqu’à l’exaltation, remarqua :

« Alors, c’est ici un monde moins cruel que le nôtre ?

— Qui sait ? Tout est tellement différent. Nos expériences ne nous ont rien révélé qui puisse conclure à une sensibilité, sinon fort obtuse, non plus à une intelligence analogue où homologue à la nôtre. Les Zoomorphes semblent être orientés mécaniquement. Jamais nous n’avons constaté une entente, une solidarité, le moindre embryon d’instincts affectifs.

— Ce qui ne prouve rien ! fit Antoine.

— Non, rien ! acquiesça Jean. S’ils n’agissent pas d’ensemble ils ont pourtant leurs procédés d’envahissement et de conquête.

— Nos lichens, nos herbes, nos arbres aussi ! Et avec quelle énergie. Qui, pourtant, croit qu’ils ont des plans concertés, des affinités électives ? »

Nous demeurâmes quelque temps là en observation. D’autres Zoomorphes passèrent, de taille moyenne. Leurs lanières trépidaient pendant la marche, mais elles ne servaient aucunement d’appuis et leurs évolutions étaient le plus souvent désordonnées, jamais nettement régulières.

« Au vrai, ils n’ont pas de membres, n’est-ce pas ? demanda Violaine.