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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

— C’est pourquoi, fis-je, on peut aussi bien employer le terme ici que sur Terre, Il suffit que nous ayons une sensation correspondante. Pour mon compte, je suis sensible à la beauté mouvante de ces êtres.

— Ce dont je vous félicite », fit ironiquement Antoine.

Nous nous tûmes, exaltés par le prodigieux spectacle. Je m’étonnais que nous eussions parfois douté que les Éthéraux fussent des vivants. Leurs mouvements ne trahissaient aucune uniformité, aucune servitude énergétique. Non seulement ils circulaient en tout sens, mais encore chacun d’entre eux, chaque groupement, semblait aller au hasard.

Il est vrai que les molécules aussi s’agitent en tout sens et que leurs trajets varient continuellement, mais il ne comportent pas ces alternatives d’ordre et de désordre, de repos et d’activité, qui d’emblée caractérisent les Éthéraux.

Il fallut plus d’une heure pour attiédir notre enthousiasme, puis le Stellarium se remit en route, très lentement, à peine mille kilomètres à l’heure. Néanmoins, la région des Tripèdes ne tarda pas à paraître aux pâles lueurs de l’aube. Nous fîmes halte sur un plateau qui dominait faiblement la plaine. Dès que le soleil parut, la région visible s’étala sur une vaste étendue. Dans l’atmosphère raréfiée les détails du site apparurent avec une extrême netteté.

« Un paysage de rêve, dit Violaine, après un silence, presque de rêve terrestre. Ce bois, là-bas,