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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


nue de siècle en siècle, tout ce que nous souhaitons, c’est que les Autres nous laissent le temps. Peut-être nous aiderez-vous ?

Bizarrerie de l’adaptation ! Je m’habituais à ces visages plans, où manquait ce fragment de chair, au fond si laid, par quoi nous respirons et flairons ; je m’habituais à cette peau si peu comparable à la nôtre, à ces étranges rameaux qui remplaçaient nos mains. Déjà je sentais que, par degrés, tout paraîtrait normal.

Plus que de leur structure, j’étais impressionné par l’idée de leur éternel silence. Non seulement leur langage était visuel, mais ils s’avéraient incapables d’émettre aucun son comparable aux sons articulés ou même au cri de la plus obscure des bêtes terrestres.