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Page:Rosny aîné - Les navigateurs de l’infini - NRC, 1925.djvu/19

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


léger supplément d’oxygène nous a mis en appétit et presque en gaieté. J’observe mes deux compagnons, avec je ne sais quel sentiment de renouveau : perdu dans les déserts de l’infini, je me sens plus proche d’eux que de mes frères de sang. Antoine Lougre dut être grave dès l’enfance : sa gravité n’est pas triste : elle comporte des éclairs de gaieté, des joies de jeune cheval qui s’ébroue. Une tête à pans, la tête longue des Scandinaves, mais non leur poil : cheveux goudron, yeux couleur myrtille, teint d’une pipe d’écume, légèrement culottée. La stature est haute, l’allure molle ; la parole, précise comme un théorème, correspond à la nature mathématique de l’homme.

Jean Gavial porte une chevelure aussi rouge que le pelage du renard ; des étoiles de cuivre constellent les yeux vert-de-gris ;