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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/137

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des forces cataloguées. Maintenant la solitude, l’embûche, des hommes infiniment puissants, infiniment différents de nous, et ces ténèbres, cette forêt interminable, cette crainte, avec mon cœur affaibli, de quelque nouvelle aventure prodigieuse où il me semblait qu’aurait défailli ma raison.

Ma pagaie ne battait plus le flot que de coups espacés et inefficaces, le vertige de l’ombre tremblait devant mes yeux ; il vint des périodes où je ne savais exactement si je pagayais encore, si je m’étais arrêté ; d’autres où je me croyais tantôt errant par des ruelles urbaines, tantôt assis au haut d’un phare, et alors je me secouais pour retrouver la rivière, la nuit, le radeau, je murmurais des paroles sans accord avec l’heure et l’endroit. Enfin je sentis que je tombais décidément dans l’inconscience et je me souviens que mon dernier effort fut pour me reprocher la dérive probable du radeau, et pour apercevoir l’aube telle qu’un trou clair dans le chenal.