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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/140

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glaient. D’ailleurs, tout le paysage avait disparu dans la grisaille. Je me tenais convulsivement accroché aux poutres du petit radeau dont les liens cédaient ; je pressentais le moment où je serais laissé sans appui. L’enfant avait disparu. J’estime qu’à deux ou trois mètres sous l’eau il se riait de l’ouragan et me surveillait. Et comment en aurait-il été autrement, puisqu’un dernier effort, le coup de queue de la trombe, ayant définitivement disloqué mon radeau, moi-même projeté loin de tout appui, je fus saisi et emporté vers la rive ?

L’enfant montra de la crainte aux premiers coups de tonnerre. Ces coups, d’abord étouffés sous les basses nues irrégulières, bientôt eurent un fracas épouvantable, quand la voûte fut plus haute et plus homogène. Les éclairs mordaient l’eau d’un zigzag bref, ou s’allumaient doux et larges comme des lunes électriques. Les vagues, visiblement