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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/143

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par frayeur du tonnerre, s’étaient mis à l’eau. Alors, surpris que Sabine ne songeât point à s’évader, je m’aperçus qu’elle avait les pieds et les mains liés.

Ma joie fut si prodigieuse que je restai bien deux minutes haletant, parmi le déchaînement des horreurs. Enfin je pus bondir, me trouver éperdu au pied de ma fiancée. Elle me reconnut, elle eut vers moi un geste d’élan, mais sa faiblesse l’emporta et je reçus sur ma poitrine sa tête évanouie de bonheur. Elle renaquit sous mes baisers. Rien qu’à voir ses deux yeux bleus, sa bouche pure, la grâce de son front, je sus qu’elle avait échappé à tout outrage, et mon cœur d’amant fut large à tenir le monde.

Sabine délivrée, nous partîmes dans la pluie. Tout me parut bien dans l’univers, et les éclats terrifiants de la foudre sur nos têtes étaient des éclats de victoire et d’allégresse. Sabine, son doux visage ruisselant de pluie, souriait vers moi. Elle réfugiait