Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dable clameur de haine, mon cœur, ralenti quelques secondes à l’odieux meurtre, se gonflant, tout de suite après, d’une rage immense, et je me portai vers le redoutable adversaire, suivi de la foule vengeresse. Mais déjà le Sombre avait bondi, escaladé la roche branlante, déposé Sabine sur la corniche et, d’un effort prodigieux de ses jambes, lancé la grande pierre dans le vide, coupant ainsi pour un quart d’heure au moins toute communication entre lui et nous…

L’étroit rebord montait vers la rivière. On voyait l’ouverture du tunnel où le misérable s’enfoncerait tout à l’heure, et j’avais lu dans son regard la résolution des désespérés, le déshonneur, la mort de Sabine, toute l’abomination ! Je m’ensanglantais vainement les poings pour le joindre. La pierre, en tombant, avait laissé une lacune dans le sentier et cela rendait impossible d’atteindre la corniche.