Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gaz fades et mortels, je ne sais quels bas orages venus des vases et des boues, tous les carbures qui s’y allument la nuit, et surtout le firmament très bas et très opaque sur les bandelettes de terre perdues dans l’eau sinistre et les algues d’écume verte, tout nous emplissait d’un sentiment de grandeur épouvantée.

Nous avancions toujours, n’ayant plus le courage de reculer, acharnés à trouver une traverse.

Or, c’était au décours d’août : depuis trois semaines déjà nous errions à l’aventure. Au passage de rapides, nous avions perdu nos tentes ; le découragement régnait parmi nos hommes. Mais le chef ne désarmait pas. Âpre esprit explorateur, doué d’énergie opiniâtre, étroite, farouche et presque cruelle, cuirassé contre l’inquiétude et contre la tendresse, il était de la race de ceux qui savent admirablement lutter, dompter hommes et choses, mourir héroïquement lors-