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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/199

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passer inaperçu. Mais quelques heures plus tard, le danger reparaissait, sous la forme de cahutes disséminées sur le flanc d’un mamelon : je ne pus échapper aux regards des habitants. Des hommes, des femmes, des enfants, émergés de toutes parts, accueillirent ma présence par des clameurs farouches où se mêlaient, à dose égale, la surprise et l’hostilité. Il fallut recommencer à fuir, avec des chances fortement décrues par la fatigue. Tout en galopant, je me sentis pénétré d’un profond découragement : quand bien même j’échapperais à ces nouveaux ennemis, est-ce que je n’allais pas en trouver d’autres ? Malgré cette disposition pessimiste, je ne tirai pas moins tout l’effort possible de mes jarrets : ils me rendaient encore une fois, grâce aux jambes courtes de mes persécuteurs, le service que j’attendais d’eux. Je semai graduellement la troupe des nains, je me retrouvai seul dans la prairie. L’aspect du paysage changea : je traversais des