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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/205

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dressant sur mes genoux, en évitant tout geste brusque, j’avançai la main, je la passai doucement sur le flanc roux : le fauve me fixait d’un œil où je n’apercevais pas ombre de férocité. Mais était-il nécessaire que le lion fût féroce pour broyer une proie ? N’était-ce pas pour lui un acte aussi naturel que, pour nous, de dévorer un fruit ? N’importe, la placidité de son regard me rassurait. Je m’enhardis à lui toucher la nuque, à gratter la peau de la crinière. Ces caresses furent reçues avec indifférence ; mais j’avais l’impression qu’elles me familiarisaient avec la bête, chose capitale lorsqu’il s’agit d’un carnassier qui, de tout temps, a montré des dispositions sociables. Quoi qu’il en soit, le lion finit par s’étendre. Par moments, il sommeillait, par moments, il fixait devant lui un regard confus. Le crépuscule emplit le ciel et la forêt de son illusion écarlate. Les aspects du monde apparurent magnifiés dans le