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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/220

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suivre tout de suite l’élan d’affection et d’attendrissement qui me commandait d’atterrir ; sans doute cette force d’inertie qui nous oblige à poursuivre les choses commencées, et qui est plus forte encore chez les hommes d’action que chez les autres. Saïd poussa un rugissement si prolongé et si lamentable que je ne pus m’empêcher d’y répondre par notre cri de ralliement. Comme le canot m’emportait, il éleva des clameurs nouvelles, et brusquement il se jeta à l’eau, il essaya de me rejoindre à la nage… Je n’hésitai plus ; je me dirigeai vers la rive. Et je vous assure que la minute où Saïd se lança sur moi, au risque de m’écraser, et où sa langue râpeuse caressa mon visage, fut égale en émotion aux minutes les plus saisissantes de ma vie.


Cependant je ne voulus pas retourner dans notre forêt. L’Occident et le Nord m’attiraient invinciblement. Saïd me suivit d’a-